Être freelance à Amsterdam8 minutes de lecture

Amsterdam, ses canaux, ses cafés, ses vélos et… ses freelances. Ici, il y a bien longtemps que l’on ne s’étonne plus de l’essors du travail indépendants, de la multiplication des espaces de coworking et autre “slow cafés”. Dans la capitale hollandaise, le fameux “futur of work” se conjugue au présent. Profitons-en !

Rencontre avec Sonja, freelance à Amsterdam

Sonja, peux-tu nous dire quelques mots sur ton parcours ?

Je suis née à Annecy il y a presque 34, je suis directrice de production depuis bientôt dix ans, j’ai commencé à Paris où j’ai monté une agence avec un associé. Depuis deux ans, j’exerce mon travail en freelance depuis Amsterdam, ou plus exactement depuis Haarlem. J’ai travaillé pour la mode et la musique et aujourd’hui je travaille surtout pour la pub. Mon job consiste à sourcer, coordonner et gérer toutes les parties prenantes (réalisateurs, photographes, monteurs, comédiens, coiffeurs…) impliqués dans la production d’une publicité (shooting photo ou tournage vidéo).

Pourquoi avoir choisi de t’installer à Amsterdam ?

L’envie de quitter Paris s’est vraiment fait pressante après la naissance de mon fils, il y a bientôt trois ans. Paris n’est pas adapté aux familles. Les cafés et les bars ne sont pas équipés voir carrément hostiles aux enfants, personne ne t’aide quand tu galères avec ta poussette pour monter dans le bus, certains vont même jusqu’à s’en plaindre, et il faut rouler longtemps pour trouver un vrai coin de nature où les petits pourront s’ébattre… C’est comme si, après avoir fait des enfants, on n’avait plus qu’à rester à la maison. Fini les sorties, les restos, les concerts… C’est aberrant ! Sans parler du coût du logement…

Avec mon compagnon, freelance lui aussi, nous avons donc décidé de nous installer ailleurs. Nous n’avions pas envie de nous poser en banlieue parisienne et l’idée d’aller vivre dans un petit village loin de tout ne nous tentait pas plus que cela. Nous souhaitions rester dans une grande ville dynamique tout en ayant un cadre propice à la vie de famille. Je connaissais bien la Hollande où j’allais régulièrement pour rendre visite à ma famille maternelle d’origine hollandaise. J’y ai aussi vécu jusqu’à mes 8 ans et je savais que ce pays offrait un équilibre proche de mes aspirations. Nous avons donc fait nos valises et nous sommes parti là-bas sans véritable plan, mais avec un réel enthousiasme. Un choix que nous n’avons pas regretté une seule seconde.

Qu’est-ce qui te plaît le plus dans cette ville ?

Comme le disais tout à l’heure, nous ne sommes pas à Amsterdam même mais à Haarlem, à seulement 20 minutes de train du centre-ville d’Amsterdam et à 10 minutes de voiture de la mer et des des dunes. Les prix y sont nettement plus abordables que dans le cœur d’Amsterdam. Nous avons acheté un appartement de 110 m2 sur deux étages avec trois chambres, une terrasse de 20 m2 et cheminée pour 290.000€. Nos voisins, qui ont grosso modo la même surface, viennent de vendre le leur pour 350.000€. Nous ne sommes pas les seuls à apprécier ce quartier et les prix montent rapidement ces dernières années.

La ville compte de nombreux jeunes ménages, notamment pas mal d’expats, et tout est fait pour que parents et enfants s’y sentent bien. On trouve des tables à langer et des jeux dans les lieux publics, de nombreux espaces vert, les enfants ne traînent pas devant les consoles de jeux, mais jouent en extérieur, ils sont très libres. Un livre traite d’ailleurs de ce phénomène : The happiest kids in the world, où il est question de l’éducation des enfants hollandais. Les lieux sont vraiment pensés pour que parents et enfants puissent y passer ensemble du bon temps. Les univers ne sont pas cloisonnés comme en France. Quand nous sommes arrivés, Mon compagnon a rapidement trouvé un job, moi j’en ai refusé deux car  je suis retombée enceinte. Après la naissance de ma fille, j’ai repris le travail en freelance. Ma dernière mission à été une pub pour Nike, dont le siège européen se trouve à Amsterdam comme pas mal de grosses boîtes.

Sur le plan professionnel, tout est plus simple ; au lieu d’une multitude de statuts compliqués (intermittent du spectacle, auto-entrepreneur, maison des artistes, EURL, SASU…), il n’y a quasiment qu’un seul statut d’indépendant. On a juste à se déclarer à la chambre de commerce après avoir obtenu le numéro BSN de résident que te donne l’administration lors de ton arrivée. Ce numéro, octroyé, est quasiment l’unique information dont les administrations hollandaises ont besoin. Les formalités sont réduites au minimum et l’administration est super efficace. Pour un freelance qui a bien autre chose à faire que de remplir des formulaires et de se débattre avec des dizaines de services cloisonnés, cela représente un gain de temps substantiel et un grand soulagement.

Outre cet aspect pratique, j’apprécie cette culture professionnelle qui respecte vraiment la vie de famille. Les gens avec qui je travaille prennent en compte le fait que je suis une jeune maman avec toutes les contraintes que cela suppose.

Quelles sont les difficultés majeures ?

La famille n’est pas à l’autre bout du monde, mais n’est pas à côté non plus ; les grands-parents, oncles et tantes ne sont pas là pour aider avec les enfants. Mais bon, c’est souvent le prix à payer lorsqu’on décide de s’expatrier.

Pour un Français habitué à une sécurité sociale très protectrice, il faut aussi savoir qu’aux Pays-Bas, il faut avoir une bonne mutuelle pour être serein sur les questions de santé et cette protection à un coût : autour de 350€ par mois pour une famille de quatre personnes.

Tes clients sont-ils toujours en France ou sont ils aujourd’hui aussi en Hollande ?

J’ai encore quelques clients historiques en France, mais je développe aujourd’hui mon activité aux Pays-Bas. L’idéal pour moi serait d’avoir 70% de mes clients ici et 30% en France histoire de garder le lien et d’avoir des bonnes raisons de revenir régulièrement au pays.

Quels conseils donnerais-tu à un freelance qui s’installe à Amsterdam  ?

Je leur conseille de rejoindre les réseaux d’expats et de freelances. Il y a pour cela des groupes Facebook, des Meetups et autres événements dédiés. C’est comme cela que j’ai trouvé ma dernière mission.

Je leur conseille enfin d’apprendre le néerlandais même si ce n’est pas la langue la plus accessible et le plus utile au le monde. Ici, on peut tout faire avec l’anglais (sa maîtrise est même indispensable professionnellement) mais il est important de maîtriser quelques bases de Hollandais. C’est une question de respect pour ceux qui nous accueillent. C’est un effort qu’il faudra aussi être prêt à fournir si l’on veut s’installer durablement sur place.

Le coût de la vie

Nourriture : Un peu moins cher qu’en France

Logement : Autour de 900€ pour chambre bien placée dans le cœur d’Amsterdam, autour de 2000€ pour une maison agréable en périphérie.

Coworking : Autour de 350€ pour un poste à plein temps.

Transport : Taxi et Uber à peu près comme en France

Voyage : Vol pour Paris : 100€ / Train pour Paris : 150€ (parfois des offres spéciales a 30€). Pour les autres destinations, c’est globalement le même ordre de prix que depuis Paris.

Les repères des freelances

Émanation d’une bande d’amis souhaitant plus d’espace pour mener leurs projets, The Thinking Hut est un pionnier du coworking en Hollande. Lancé en 2012, The Thinking Hut compte aujourd’hui deux espaces, un à l’Est, l’autre au Sud. Les tarifs sont les mêmes pour les deux espaces : 20€ la journée, 230€ / mois pour un flex desk et 350€ / mois pour un bureau nominatif. Avec une grosse activité événementielle, des expositions, des conférences (jeux vidéo, neurosciences, blockchain…), des apéro, et une solide communauté, The Thinking Hut offre une base idéal pour un freelance souhaitant s’intégrer.

A Lab n’est pas exactement un espace de coworking, ce n’est clairement pas un centre d’affaire, c’est pas un accélérateur… C’est ce que l’on appelle un living lab. Wikipédia nous explique ce que cela signifie : “Un living lab regroupe des acteurs publics, privés, des entreprises, des associations, des acteurs individuels, dans l’objectif de tester « grandeur nature » des services, des outils ou des usages nouveaux. Il s’agit de sortir la recherche des laboratoires pour la faire descendre dans la vie de tous les jours, en ayant souvent une vue stratégique sur les usages potentiels de ces technologies.

Cette définition théorique décrit bien à la réalité du A Lab, 5000m2 dédiés à l’innovation au service de la société. Le A Lab se subdivise en divers labs qui sont autant de pôles de recherche et de création : blockchain, social robotics, art et culture, journalisme, musique, agritech… Incarnation de l’innovation ouverte, le A Lab rassemble des freelances, des entreprises, des fondations, des étudiants et des institutions culturelles autour de projets à fort impact social et environnemental. On peut venir y travailler en coworking pour un prix particulièrement intéressant : 100€ par mois pour un flex desk et entre 160€ et 260€ pour un poste fixe et nominatif. Une bonne affaire et surtout une excellente occasion de mettre un pied dans cette incroyable communauté d’innovateurs.

Étalé sur deux étages et disposant d’une charmante terrasse en bord de canal, le Café de Jaren est un lieu idéal pour travailler. On y trouve de grandes tables sur lesquelles sont disposées de petites lampes de travail, il y aussi des cabines pour se mettre au calme, une terrasse sur l’eau. Ouvert jusqu’à 1h ou 2h du matin, les couche-tard y trouveront un refuge bienvenu.

Amédée

Génie indépendant

Génie indépendant depuis des siècles, je partage aujourd’hui mes aventures avec vous, indépendants de tout poil et de tous horizons. Actu, bons plans, témoignages ou libres palabres, je vous apporte les meilleures infos pour que vous puissiez profiter au mieux de votre indépendance. 

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