Coopaname, faire société6 minutes de lecture

Lorsqu’on parle de collectifs de travailleurs indépendants, on ne peut faire l’impasse sur les coopératives d’activité et d’emploi (CAE), ces sociétés mutantes, composées de salariés entrepreneurs, autonomes mais solidaires. Pour en savoir plus, Amédée est parti à la rencontre de Noémie de Grenier, co-directrice de Coopaname.

Coopaname, concrètement, c’est quoi ?

Coopaname, c’est une coopérative de travail multi-activités : on compte 800 membres, avec autant d’activités différentes.

Notre but, c’est de mutualiser l’outil de travail qu’est l’entreprise.

Ca passe d’abord par la personnalité juridique : nos membres n’ont pas de personnalité juridique individuelle, tout passe par Coopaname. On mutualise la comptabilité, l’administratif, grâce à une équipe qui s’occupe de tous ces aspects juridiques pour les Coopanamiens.

On mutualise également la fonction employeur : les membres sont salariés tout en étant leur propre patron.

Ils ont accès aux avantages du salarié : chômage, arrêt maladie, congé maternité et retraite mieux rémunérés. Tout l’aspect administratif du au statut d’employeur est pris en charge par Coopaname.

Il y a aussi une sécurisation par le collectif, car vous êtes soutenu par une collectivité avec des lieux de partage et de réunion, vous bénéficiez d’un réseau dédié aux Coopanamiens. « Chez Coopaname, échanger sur nos pratiques nous rends fort. Tarifs, relations clients, bonnes pratiques : les autres entrepreneurs nous aident à prendre du recul sur notre activité. Coopaname c’est un grand réservoir d’idées et de solutions pour les entrepreneurs ! »

Enfin, Coopaname donne accès à une sécurisation éthique : vous restez votre propre patron, mais vous encastrez votre activité dans une structure démocratique, où chacun s’engage à participer pour créer un modèle qui convienne à tous. Au bout de trois ans de présence, devenir associé est obligatoire. Ce statut vous permet d’avoir une voix dans l’organisation collective, de participer, de vous approprier les enjeux.

La volonté de Coopaname est de réinventer le rapport au travail, ça passe par quoi ?

Ca passe par le modèle même de Coopaname : on fait fonctionner une entreprise dans laquelle les salariés sont complètement autonomes, sans hiérarchie.

C’est aussi une façon de reconstruire le travail collectif à partir de l’autonomie et non de la subordination.

Coopaname devient alors un espace de réflexion : comment suivre ses convictions, ses envies, à travers un job qui nous plaît, sans se tuer au travail pour avoir juste de quoi vivre ? Comment associer cette envie de liberté dans le travail, tout en s’adaptant au marché ? Comment développer une vie personnelle épanouie et faire tourner son entreprise en parallèle ? Autant de problématiques qui engagent des réflexions sur comment travailler moins, mais mieux, tout en trouvant des projets intéressants et utiles à la collectivité.

En termes de fonctionnement, comment parvenez-vous à trouver un équilibre entre participation collective et responsabilité individuelle ?

Nous avons établi une co-présidence et une co-direction générale, 5 personnes prennent des décisions au lieu d’une seule. Nous avons un conseil d’administration constitué de salariés, qui sont actionnaires de la coopérative.

On compte aujourd’hui 250 associés, tous responsables du destin de Coopaname et qui sont impliqués dans son développement.

Afin que ce ne soit pas toujours la direction qui tranche, nous avons créé des instances du personnel supplémentaires, pour qu’il y est une consultation globale. Nous avons un comité qui va travailler sur des questions générales, un autre qui va se prononcer sur les engagements pris par Coopaname, puis un comité de formation qui va attribuer les formations individuelles.

Quels sont les avantages de Coopaname pour un freelance ?

En devenant Coopanamien, un freelance conserve son autonomie en accédant aux avantages d’un salarié et du collectif. Au lieu de travailler seuls, les entrepreneurs de Coopaname bénéficient de la force d’un collectif, ils peuvent travailler ensemble sur un appel d’offres et accéder à de plus gros clients, avec la crédibilité d’une grande structure mutualisée.

Sur l’aspect administratif et juridique, nos membres profitent d’un véritable parapluie juridique sous lequel ils peuvent avancer sereinement. Par rapport à un statut indépendant ou auto-entrepreneur, il y a moins de temps accordé à l’administratif, l’entrepreneur peut se consacrer pleinement à son activité.

Si demain je souhaite rejoindre Coopaname, je fais comment?

Dans un premier temps, une réunion d’information est organisée pour bien comprendre le fonctionnement global de la structure. Vous prenez ensuite un rendez-vous individuel, où l’on peut discuter de votre activité, voir si la maturité du projet est suffisante pour intégrer la coopérative en toute sérénité. On prend le temps de discuter, de répondre à toutes les interrogations qui peuvent se poser, notamment en cas de changement de statut.

Une fois que tout est au clair, il faut un délai d’environ deux mois pour organiser votre entrée à la coopérative. Un premier contrat est créé et vous pouvez lancer votre activité, facturer et enregistrer votre chiffre immédiatement.

Photo de couverture : Jehyun Sung
Photo #2 : “My Life Through A Lens”
Photo #3 : Karen Maes

Gaëlle Delhon
Rédactrice

Diplômée en gestion commerciale des structures culturelles et d’une licence en journalisme, passionnée par l’écriture web, j’ai décidé d’en faire mon métier.

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