Collective ou l’entreprise as a service9 minutes de lecture

Le freelance est trop souvent représenté comme un individu isolé, croupissant chez lui dans un état de déréliction à faire pleurer Robinson Crusoé. Sorti de l’entreprise, il semble avoir été banni de l’humanité toute entière. Comme si l’isolement était le prix de la liberté.

La réalité est toute autre. En dix ans, j’ai rencontré des milliers de freelances, et lorsque je leur demandais ce qu’ils appréciaient vraiment dans le fait d’être indépendant, une réponse revenait sans cesse : la possibilité de rencontrer toutes sortes de personnes d’expertise diverses et d’horizons variés.

Lorsque l’on est salarié, on évolue généralement au milieu d’une poignée de collègues, d’un n+1 et d’un n+2 que l’on croise de temps à autre. Parfois quelques clients… On tourne souvent sur une base sociale d’une dizaine de personnes. En freelance, au contraire, on passe son temps à rencontrer des gens que l’on a la chance de pouvoir choisir . Chaque mois apporte son lot de belles rencontres plus ou moins spontanées.

Au sein d’espaces de coworking, via des communautés en ligne, ou à l’occasion d’événements professionnels, des freelances unissent leurs forces et partagent leurs expertises pour réaliser des missions qu’ils n’auraient pas pu prendre seuls.

Cette manière de travailler, par agrégation ponctuelle de compétences correspond aux aspirations de ces experts indépendants comme aux exigences des projets web nécessitant toujours la collaboration de plusieurs experts (dev, UX, UI, DA, photo, vidéo, conception-rédaction, traduction, web-marketing…).

Et, l’environnement économique volatile que nous traversons ne fait qu’accentuer la tendance.

C’est donc tout naturellement que l’on a vu s’épanouir les collectifs de freelances. Et, depuis trois ans, le mouvement s’accélère.

Mais il y a un “mais”. Même plusieurs… L’émergence de collectifs d’indépendants pose pas mal de questions : Qui rapporte le business ? Qui engage sa responsabilité à la signature du contrat ? Comment assure-t-on la communication du collectif ? Comment répartissons-nous les gains ? Comment recrute-t-on ? Que se passe-t-il si l’un des membres n’est pas à la hauteur ? Comment organiser une gouvernance qui soit à la fois juste, démocratique et efficace ? Après les premiers instants d’enthousiasme, ces questions ne manquent pas de se poser faisant souvent voler en éclats des collectifs pleins de bonnes intentions, mais encore trop fragiles.

Il manque souvent de la structure, des outils, des process et des standards.

C’est à ce problème, bien plus délicat qu’il n’y paraît de loin, que s’attaque Jean de Rauglaudre, le fondateur de
Collective. Nous sommes donc heureux d’accueillir aujourd’hui sur le blog celui qui s’est donné pour mission de bâtir un outil 360° pour aider les collectifs de freelances à réussir, avec une vision pour le moins ambitieuse : créer l’Entreprise as a Service.

Pourquoi avoir créé Collective ? Comment en es-tu arrivé là ?

Je rêve d’entreprendre depuis 8 ans (ma première année d’école de commerce) et j’ai organisé mes choix professionnels en conséquence depuis lors. J’ai successivement participé au lancement d’un cabinet de conseil au Maroc, travaillé sur les 6 premiers mois d’une startup (SaaS B2B dans la formation professionnelle), puis en Ventures Capital chez le premier investisseur de Malt (i.e Kerala Ventures). Je me suis ensuite tourné vers le conseil en stratégie pour élargir mon réseau et m’aguerrir en vue d’un lancement d’entreprise. 

J’ai franchi le pas l’an dernier en décidant de me lancer dans l’univers de l’innovation dans la prestation de service que je connaissais via l’expérience du freelancing, mes années chez McKinsey et mon expérience en startup. En investiguant les tendances du marché et en rencontrant des influenceurs du Future_of_work (Kudos #eFounders) j’ai pu identifier une opportunité autour des collectifs d’indépendants. 

Le constat initial était celui de l’essor du travail indépendant. L’observation embryonnaire était celle de leur union dans des petites équipes stables, pour mutualiser leurs réseaux, compétences et méthodologies. La prochaine étape naturelle : les accompagner et les professionnaliser pour qu’ils puissent délivrer un service de qualité, face aux agences ! C’est là qu’est né Collective. 

Comment Collective fonctionne-t-il en pratique ?

Pour celui qui veut créer un collectif ?

Rien de plus de simple ! Pour celui qui souhaite créer un collectif, il suffit de s’inscrire sur collective.work, et de partager ensuite un lien d’inscription privé aux membres que vous souhaitez inviter.

Nous permettons au collectif d’opérer son activité sans avoir à créer de structure administrative ou juridique, immédiatement.

Pour l’ensemble des collectifs qui le souhaitent, nous avons un processus d’onboarding dédié et gratuit pour les aider à :

  • Cerner l’offre la plus demandée par les clients en accord avec leurs compétences (nous nous appuyons sur plusieurs centaines de projets déposés à date)
  • Créer une page vitrine pour se mettre en valeur
  • Structurer leur organisation commune (règles d’organisation, partage de la rémunération, prise de décision…)

Pour celui qui veut rejoindre un collectif existant ?

Il y a ici 2 possibilités :

  • Si l’on est invité par un collectif existant, il suffit de s’inscrire via le lien d’invitation privé dont dispose chaque collectif
  • Si on souhaite “postuler” à un collectif, ou bien explorer ses options, il suffit de s’inscrire sur Collective.work afin de prendre contact avec nous. Nous faisons régulièrement des mises en relation avec des collectifs existants

Pour une boite qui recherche un talent particulier qu’elle n’a pas en interne ?

C’est également très simple : il suffit de nous contacter directement (jean@collective.work), ou de déposer son projet sur collective pour ensuite être mis en relation avec les meilleurs collectifs !

Combien de collectifs / de freelances comptez-vous aujourd’hui sur Collective ?

Collective a connu un succès fulgurant ! Nous avons fait x5 par rapport aux objectifs que nous nous étions fixés en début d’année et avons créé 100+ collectifs sur les 2 premiers mois, et cela ne s’arrête pas ! Certains de nos collectifs ont une page publique visible directement sur collective.work, d’autres préfèrent la conserver privée.

Aujourd’hui, il s’agit de plusieurs centaines déjà (6 mois après le lancement), mais beaucoup sont également en cours d’onboarding, donc on s’attend à une forte augmentation sur les mois à venir.

Quels sont les différents types de collectif que vous voyez émerger ?

Je me permettrais de distinguer sur 2 axes : organisation et métier

Organisation : Nous observons ici 4 grandes typologies de collectifs :

  • L’équipe de freelances
  • L’équipe d’experts
  • Les solo-freelances réunis
  • La communauté de freelances

Nous détaillons leurs spécificités dans un article dédié : 4 organisations de collectifs.

Métier
: Aujourd’hui, la majorité des collectifs se forme sur des métiers digitaux, marketing et communication. Nous observons cependant aussi une forte émergence de collectifs sur des métiers de conseil plus traditionnels (stratégie, avec des anciens collaborateurs de cabinets reconnus), opérationnel (des experts en organisation des ventes par exemple), et même légaux (collectifs d’avocats).

Parmi de nombreuses possibilités, voici 3 portraits de collectifs qui créent leur demande automatiquement :

  • Les équipes qui réunissent des développeurs, avec des experts de la conception et du design produit : capables de designer et de développer une application web ou mobile de zéro
  • Les équipes de 3 à 5 développeurs disponibles pour accélérer le développement d’applications web et mobiles
  • Des experts de l’acquisition digitale qui se réunissent avec un fort biais pour l’exécution (et souvent des méthodologies de growth marketing)

Quelles tailles font ces collectifs ?

En reprenant la distinction organisationnelle :

  • Les équipes de freelances et d’experts qui travaillent ensemble compte de 2 à 10 personnes. La médiane se situe entre 4 et 5
  • Les solo-freelances réunis sont généralement entre 5 et 20, avec un leader en charge des process commerciaux et du placement des freelances chez les clients
  • Les communautés peuvent atteindre, voire dépasser, la centaine de freelances. Toutefois, lorsqu’elles offrent des services sous leur marque commune, elles n’impliquent qu’un noyau restreint (de 5 à 15 membres)

Quelle est l’équipe derrière Collective ?

3 fondateurs ultra-complémentaires : Paul (CTO) a été formé aux meilleures méthodes chez Datadog, une entreprise qui a connu un immense succès sur un produit très technique. Vianney (COO), a connu l’hyper croissance d’une start-up en ayant un rôle clé chez Younited Credit (plus de 400 employés et des dizaines de millions levés). Pour ma part, j’ai été confronté à des problématiques autant complexes que variées chez McKinsey (conseil en stratégie).

3 collaborateurs nous ont rejoint très tôt, convaincus par l’ampleur de la tendance et la mission de Collective. Nous avons encore 4 postes ouverts (recrutements prévus dans les prochaines semaines). Nous prévoyons une dizaine de recrutements supplémentaires en 2022 pour soutenir notre hyper croissance !

Collective dans 5 ans, ça ressemble à quoi ?

L’entreprise partagée de centaines de milliers de collectifs.

Collective est déjà l’outil qui permet à des centaines de collectifs de gérer l’ensemble de leur processus commercial, et d’accéder à des opportunités de projet. Dans 5 ans, nous fournirons l’outil ultra-complet, intégrant bien entendu le suivi et la gestion de projet, mais également des fonctionnalités bancaires (affacturage, mutualisation des dépenses, crédit…) et tout ce qu’une entreprise offre habituellement à ses collaborateurs (avantages, événements…)

Collective sera également le réflexe pour toute entreprise qui cherche à être accompagnée par un prestataire de service : les collectifs représentent une forme de travail experte, plus agile et plus humaine que n’importe quelle société de conseil.

Photo de couverture : Annie Spratt

Antoine van den Broek
Rédacteur en chef d’Amédée

Indépendant, frère-fondateur de Mutinerie, penseur, acteur et témoin des nouvelles formes de travail, passionné par le développement de communautés, j’aime faire des rencontres et raconter des histoires, deux activités auxquelles je peux me livrer par la grâce d’Amédée

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