e-réputation des freelances, peut-on tout dire sur les réseaux8 minutes de lecture

Les réseaux sociaux sont une fabuleuse caisse de résonance pour faire passer des messages sur les sujets qui nous tiennent à cœur mais quand on est freelance, c’est aussi un des premiers points de rencontre avec nos futurs clients. Doit-on, alors, afficher ses convictions ou présenter une image lisse et commerciale ?

Tout à commencé un jour où je déjeunais avec une amie et ancienne cliente. Pendant le repas, elle me glisse : “Tu devrais éviter de prendre position sur le féminisme sur Linkedin. Ça peut rebuter de potentiels clients qui ne partagent pas tes opinions.” 

Stupéfaction de mon côté. Déjà, étant loin d’être une influenceuse, je n’avais pas la sensation que mes posts ou commentaires pouvaient avoir une portée au-delà de mon premier cercle de contacts. Et puis, en tant que freelance, je suis censée être libre du contenu que je produis sur les réseaux sans risquer d’aller à l’encontre de l’image souhaitée par mon employeur. 

Alors quoi, je devais me contenter de posts lisses à vocation commerciale comme il en existe tant sur Linkedin, attirer le chaland à coup de techniques de growth marketing sans jamais exprimer mon opinion pour ne pas me nuire.

Bref, vous l’aurez compris, cette conversation m’a pas mal fait réfléchir (au point d’avoir envie d’en faire un article, vous dire). J’ai d’abord fait le point sur ce qui pouvait réellement nuire sur les réseaux.

Les pièges à éviter

Commençons par les évidences :  les discours appelant à la haine contre une personne ou une communauté ne sont pas l’expression d’une opinion. Ils n’ont pas plus leur place sur les réseaux sociaux qu’en entreprise tout comme la diffamation et l’injure. La liberté d’expression a des limites et vous ne vous rendriez pas service en diffusant ce type de message. 

Maintenant que nous avons enfoncé une porte ouverte, parlons des autres pièges. 

  • Réagir à chaud sur un sujet où l’on se sait sensible. 

On voit passer un post, le sujet nous fait réagir, la prise de position de l’auteur ou d’un commentaire va à l’encontre de nos convictions, on donne son avis personnel sans ménagement. Pour peu que la personne réponde et c’est parti pour le dialogue de sourds. On passe rarement pour brillant dans ce type de situation. Ce serait dommage que vos futurs clients vous classent d’emblée dans la catégorie des énervés du clavier.

  • Commenter les posts “pute à clic”

Dans la lignée du piège précédent, fuyez les posts “pute à clic” qui jouent sur notre corde sensible et cherchent justement à provoquer des réactions hautes en couleurs pour faire le buzz sans traiter le sujet de fond. Là encore votre crédibilité en prendrait un coup. 

  • Poster sur des sujets d’actualités

Aka le syndrome BFM, vouloir à tout prix prendre la parole sur une actualité, c’est prendre le risque de perdre en finesse d’analyse. Si l’actualité en question n’est pas dans votre domaine d’expertise, pensez à prendre du recul, à vous renseigner auprès de personnes compétentes sur le sujet  avant d’afficher votre avis sur la place publique. 

  • Partager des fakes news

Le corollaire des pièges précédents, colporter de fausses informations dans le feu de l’action, pensant appuyer nos convictions, rien de pire pour détruire sa réputation professionnelle. Comment être vu comme une personne de confiance si on se fait le porte-parole de fake news. Là encore, la prise de recul et la prise de renseignement sauvera votre image. 

  • Ne parler que de ça

Enfin, si le sujet n’est pas le cœur de votre activité professionnelle et que vous utilisez les réseaux sociaux pour celle-ci, ne perdez pas de vue votre objectif premier : parler de votre activité pour attirer les futurs clients. Si vous ne parlez plus que de la cause qui vous tient à cœur, vous allez perdre vos contacts qui ne vous identifierons pas comme l’expert qu’il recherche. Si vraiment ce sujet occupe tout votre esprit, peut-être est-ce le moment de s’engager au-delà des réseaux et d’en faire le cœur de votre activité. 

Les bonnes pratiques

Parlons désormais de ce qu’on peut faire pour préserver sa réputation sans passer sous silence nos engagements. 

  • Faire la part des choses

Si on est engagé dans une démarche militante loin de l’image professionnelle qu’on veut renvoyer et de la cible qu’on souhaite toucher, on peut utiliser les différents réseaux en délimitant le périmètre de communication pour chacun ou du moins avoir des comptes pro et perso bien séparés et réserver au perso, la pédagogie militante. 

  • Arriver à relier ses convictions à son métier

Les réseaux sont un super outil pédagogique. Sur Linkedin, par exemple, les posts qui permettent aux lecteurs d’apprendre quelque chose  sont très appréciés. L’idéal étant d’arriver à faire le lien entre ses engagements et son domaine d’expertise pour se dessiner un profil professionnel unique. Reprenons l’exemple du féminisme,  je m’attèle à parler d’inclusion dans l’entreprise et j’aborde des points concrets  des conditions de travail des femmes et proposant des axes d’amélioration. Ce qui fait sens avec ma posture professionnelle puisque mon travail est de faciliter la vie des collaborateurs et d’améliorer leurs conditions de travail.

À lire À lire LA RSE CHEZ LES FREELANCES

  • Choisir ses combats et ne pas perdre de vue ses objectifs

Même si les réseaux sont devenus incontournables dans notre société, tout n’a pas vocation à y apparaître et vous pouvez aussi décider de mener vos combats IRL sans les afficher sur les réseaux. Tout dépend de vos objectifs et de qui vous voulez atteindre. 

En conclusion, je vois trois effets positifs à prendre position sur les réseaux sociaux sur ses engagements :

  • Attirer des clients et des prospects qui sont un minimum ouverts sur les sujets qui me tiennent à cœur. En réalité, je préfère que ceux dont le mot de féminisme hérisse le poil ne se tournent pas vers moi. Au-delà des clients, c’est aussi s’offrir la possibilité de monter une communauté professionnelle partageant les mêmes valeurs et c’est aussi ça travailler en freelance, pouvoir s’entourer des personnes avec qui on peut partager plus que du business. 
  • Prendre position, afficher ses convictions en public et encore plus dans une posture professionnelle, c’est aussi dire à tous et à soi, je suis légitime pour en parler. Et c’est un très bon moyen pour comprendre le syndrome de l’imposteur qui trop souvent nous murmure de nous taire, de nous faire discret. 
  • Dans la foulée, ça permet d’ouvrir la réflexion sur ce qui compte vraiment pour nous, sur notre positionnement et notre avenir professionnel car si on est prêt à s’exposer pour cette cause, c’est que le sujet nous porte suffisamment et qu’il mérite sans doute qu’on lui offre une place dans notre vie. Un cercle vertueux en somme.

Photo de couverture : pawel szvmanski

Rachel Pierre
Office manager freelance

Office manager freelance, j’accompagne mes clients dans le développement de leurs projets en optimisant l’organisation de leur entreprise. Curieuse, j’aime la découverte, le partage & me lancer de nouveaux défis.

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