Être freelance, une solution pour les profils atypiques ?9 minutes de lecture

Très codifiée, l’entreprise peut donner l’impression aux personnalités dites atypiques (Haut Potentiel, Hypersensible, Multipotentiel) de ne pas être à leur place, de ne pas être comprises, voire d’être des imposteurs.

 Le freelancing serait-il alors la solution pour ces profils ?

Cet article a été rédigé avec l’aide bienveillante d’Aude Saliner qui nous a éclairés sur les caractéristiques des fameux profils atypiques. Aude est coach de vie professionnelle et personnelle pour les personnes à hauts potentiels, hypersensibles et/ou multipotentielles.

QU’ENTEND-ON PAR ATYPIQUE ?

Commençons par un aperçu rapide des profils dont nous allons parler dans cet article.

Haut Potentiel (HP)

Sans doute le terme le plus connu, on détecte le haut potentiel par le test de QI mais celui-ci ne se résume pas à une intelligence au-dessus de la moyenne. C’est également un mode de pensée qui diffère des neurotypiques. Ils font preuve de rapidité d’analyse et de compréhension. Les Hauts Potentiels représentent environ 3% de la population.

Hyper Sensible (HS)

Bien que moins connue, l’hypersensibilité concerne, elle, environ 20% de la population. Comme son nom l’indique, une personne hypersensible ressent plus fort que la plupart des gens, que ce soit les stimuli externes (bruits, odeurs, lumière, etc.) ou les émotions (stress, joie, tristesse, etc.).

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Multipotentiel (MP)

Contrairement aux Haut Potentiel, le Multipotentiel est considéré comme neurotypique. On le définit comme quelqu’un ayant la capacité et la préférence d’exceller dans deux ou plus de deux champs différents. Il n’existe pas de statistiques fiables sur ce profil.

Voyons maintenant comment en quoi le freelancing peut être une voie d’épanouissement pour ces profils.

CE QUE LE FREELANCING PEUT APPORTER AUX PERSONNALITÉS ATYPIQUES

Les entreprises classiques favorisent l’organisation par spécialité,  là où un freelance va devoir s’intéresser à tous les domaines pour pouvoir gérer au mieux son activité. En plus de sa spécialité qu’il met à disposition de ses clients, il doit avoir des notions de commercial, de communication, de gestion, etc. De quoi attirer  les profils atypiques, notamment les MP, qui détestent la routine et aiment avoir à gérer de multiples sujets et exprimer leur créativité via des compétences variées.

Être freelance change également notre rapport au temps favorisant le développement de projets parallèles pro ou amateur. En constante évolution, le freelance va aussi pouvoir pivoter rapidement dans son projet initial. De quoi contenter les personnes qui ont besoin d’être stimulées ou de s’épanouir dans plusieurs domaines (coucou les slasheurs).

De plus, le freelance travaille en totale autonomie sans le cadre hiérarchique imposé qui peut parfois poser problème aux HP et MP qui ont un vrai questionnement sur la hiérarchie et sa légitimité.

Leur esprit de synthèse, leur créativité et leur rapidité d’exécution peuvent, par ailleurs, créer des tensions avec leur entourage professionnel dans un contexte de compétitivité alors qu’eux-mêmes, poussés par leur perfectionnisme, peuvent douter de leur capacité, là où le freelancing favorise la collaboration et la force du réseau plutôt que la compétition.

Le pas de côté par rapport à l’entreprise peut être salvateur pour ces profils, notamment chez les HS qui vivent intensément les conflits et les critiques.

Bon nombre de freelances disent avoir sauté le pas pour pouvoir être plus alignés avec leurs valeurs. En entreprise, on choisit rarement les projets sur lesquels on travaille et si le client ne correspond pas à nos valeurs tant pis.

En tant que freelance, on est libre de choisir avec qui et comment travailler. Cet alignement aux valeurs est un besoin fondamental pour les HP et les HS. Ils ont également besoin de sens dans les méthodes de travail. Le présentéisme, le “on a toujours fait comme ça” et autres mauvaises habitudes du monde du travail, très peu pour eux. Ils ont besoin de comprendre le Pourquoi intrinsèque des choses. Dans le cas contraire, ils percevront toutes les incohérences et finiront par partir.

Les HP ont une facilité à l’abstraction leur donnant accès à une image globale des sujets (la fameuse big picture). Ceux sont aussi des profils “problem solver” qui vont favoriser l’innovation.

Les MP, quant à eux, sont des profils transverses qui s’intéressent à de nombreux domaines et ont une aisance à faire des ponts entre leurs différents champs d’expertise et à faire communiquer les spécialistes. Dans les deux cas, on voit bien comment ces atouts font d’eux de bons chefs de projets voire des chefs d’entreprise.

Les HP et les MP seront très à l’aise dans des missions de conseil, d’accompagnement, de coaching qui sont des profils très recherchés et fortement valorisés parmi les freelances. La durée assez courte de ce type de missions satisfait aussi le besoin de stimulation intellectuelle des MP qui sont les profils anti-routines par excellence.

Enfin le freelancing répond à un autre besoin fondamental de ces profils : étancher leur grande soif d’apprendre. Tout d’abord, les freelances ont l’obligation de se former pour assurer leur valeur ajoutée sur le marché du travail et ce sur tous les aspects de leur business, pas uniquement sur leur activité principale. Par ailleurs, en multipliant les missions, ils découvrent également de nouveaux univers, de nouveaux outils, de nouvelles méthodes de travail.

ATTENTION AU MIROIR AUX ALOUETTES

Présenté ainsi, le freelancing semble être la panacée pour les profils atypiques frustrés par leur CDI.

Cependant ne nous voilons pas la face, le freelancing comporte aussi des risques et peut au final créer plus de déception que de satisfaction si on choisit cette voie pour les mauvaises raisons.

Tout d’abord, la nécessité de tout gérer seul, attrayante pour les profils généralistes ou en quête d’autonomie peut se révéler génératrice de stress et entraîner une surcharge mentale pouvant aller jusqu’au burn out.

Sans parler de la complexité administrative qu’il ne faut pas perdre de vue quand on monte une entreprise en France. Une option pour les atypiques que la solitude (ou l’administratif) rebute est d’explorer les autres modes d’entreprise : association, coopérative, collectif…

Autre risque : se lancer en freelance pour de mauvaises raisons.  On est arrivé à saturation sur son poste et on rejette tout en bloc en pensant que se mettre à son compte résoudra tous les problèmes.

Se lancer en indépendant, c’est changer de forme pas de fond. Si on ne s’interroge pas sur le fond, passé l’excitation de la nouveauté, le mal-être resurgira.

De plus, parfois, notamment avec les MP, quelques ajustements suffisent pour être de nouveau épanoui. Avoir plusieurs activités professionnelles par exemple peut être tout à fait satisfaisant sans sacrifier son statut de salarié.

Pour y parvenir, il faut réfléchir son projet dans sa globalité, en identifiant l’ensemble de ses besoins perso et pro et en acceptant les raisons intérieures de ses choix afin de respecter le cadre que l’on se donne. 

Aude a, ainsi, aidé une personne à trouver son équilibre entre son métier de chef de projet salarié et ses activités indépendantes de prof de yoga et peintre.

Encore un risque bien connu des HP et des HS mais aussi des freelances : développer un syndrome de l’imposteur carabiné. En effet, les HP et les HS font preuve d’une grande lucidité et doutent souvent de leurs capacités. Les difficultés à rentrer dans le moule de l’entreprise engendre de l’insécurité qui peut provoquer des blocages quand vient le moment de tenir la barre seul.

Enfin un dernier risque à ne pas négliger : le syndrome de l’objet brillant. Sous ce joli nom se cache une réalité moins sympa : être constamment attiré par la nouveauté. Une nouvelle compétence à acquérir, un nouvel outil à maîtriser, un nouvel axe business à développer. 

Parfait pour les HP, les MP et les HS (surtout ceux qui souffrent du mal précédent) qui moulinent sur un nouveau sujet, tirent des plans sur la comète, se forment en continu et ne passent jamais à l’action, évitant ainsi de se confronter à la réalité, sabordant au passage leur activité.

Pour éviter de tomber dans ce piège, interrogez-vous régulièrement sur la plus-value que telle ou telle nouveauté apporterait à votre activité. Gardez vos objectifs en vue, veillez à ne pas vous disperser et tenez le cap.

Rachel Pierre
Office manager freelance

Office manager freelance, j’accompagne mes clients dans le développement de leurs projets en optimisant l’organisation de leur entreprise. Curieuse, j’aime la découverte, le partage & me lancer de nouveaux défis.

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