Freelance : l’intérêt d’avoir sa propre marque7 minutes de lecture

Avoir une marque, ce n’est pas forcément réservé aux entreprises. Amédée vous explique quels avantages les freelances peuvent trouver à avoir leur propre marque.

Dans notre imaginaire collectif, être freelance, c’est travailler en son nom, détaché de toute structure. À l’inverse, avoir une image de marque est une préoccupation corporate, le genre de choses dont seules les grandes entreprises se soucient. Pourtant, certains freelances décident de se doter d’une marque sous laquelle ils opèrent, et ils ont de très bonnes raisons pour le faire. Amédée a posé quelques questions à deux d’entre eux, dont les réponses devraient, on l’espère, vous aider à déterminer si vous aussi vous feriez bien d’avoir une marque.

Pourquoi une marque ?

Pourquoi créer une marque quand on est une équipe d’une seule personne ? Pour Joseph Donyo, consultant Facebook Ads derrière la marque Neomedia, la question ne s’est pas vraiment posée : “Dans ma tête quand on a un business, il y a un forcément un nom d’entreprise ou de marque.” Joseph a commencé par faire des prestations un peu par bouche à oreille, et il travaillait alors sous son nom en auto-entrepreneur. Mais quand est venu le temps de se faire un site Internet, la question de la marque est immédiatement revenue. “Je me suis dit qu’il me fallait un nom, surtout si je changeais de statut un jour. J’ai trouvé le nom, et demandé à quelqu’un de me faire l’identité graphique.”

Mais le “réflexe” marque n’est pas sa seule raison. Il avait aussi un “petit syndrome de l’imposteur : je ne me sentais pas totalement légitime, je n’étais pas à l’aise de mettre en avant mon nom et ma photo, donc c’était plus facile de me cacher derrière un nom de marque.” Un avis partagé par Laetitia Bouloc, graphiste, qui travaille sous la marque Néographe Factory : “J’avais conscience de l’image que peut avoir un free, surtout quand on est graphiste. Le principe d’une marque, c’est que ça impose plus de respect pour le travail. C’est une question de légitimité : quand les gens me recommandent, ils recommandent une marque plutôt qu’une personne, ce n’est parce que je suis l’amie d’untel ou parce que je suis sympa.”

Comment définir sa marque ?

Ici, tout dépend de votre activité. Pour un rédacteur ou une rédactrice freelance, travailler sous son propre nom a peut-être un peu plus de sens — après tout, c’est comme cela que l’on signe un article. Pour un free avec une compétence spécifique comme Joseph Donyo, un nom qui évoque son domaine d’activité (Neomedia quand on est expert Facebook, ça marche bien) et une identité graphique sérieuse sont un bon début. 

Quand votre métier est justement de créer des images de marque, là, il y a un peu plus de questions à se poser. “Pour les designers c’est important d’avoir un univers : pour le même brief il peut y avoir mille réponses différentes, il faut que les gens ressentent l’univers avant de travailler ensemble”, estime Laetitia. Là, la marque et son identité graphique sont quasiment des cartes de visite. Laetitia voulait un nom dont on se souvienne, a choisi “Néographe” pour évoquer son domaine d’activité et “Factory” pour “donner l’impression d’une vraie agence, pas juste quelqu’un derrière son ordi qui bosse tout seul”. Joseph est d’accord : “Quand les choses marchent bien et qu’on veut prendre des dossiers de plus grande envergure, cela peut freiner de le faire sous son nom propre. Avoir une marque qui dise ‘studio’ ou ‘agence’ ça peut rassurer les clients et donner une légitimité.”

Qu’en pensent les clients ?

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Ceci étant dit, Joseph comme Laetitia n’ont pas réellement fait l’expérience de travailler sous leur propre nom ; difficile donc de pointer ce qu’avoir une marque change. Joseph voit beaucoup de ses prospects arriver par LinkedIn et “ceux qui arrivent par mon site, franchement je ne pense pas que ça fasse une différence pour eux.” Laetitia est tout de même contente de ne pas être obligée de se mettre tout le temps en avant : “Quand on est une fille, il faut cravacher deux fois plus qu’un mec donc je ne voulais pas travailler sous le nom de Laetitia. De ce point de vue-là, la marque ça aide.” 

Comment se présenter ?

Justement, faut-il mettre la personne ou la marque en avant ? À quel point peut-on se “cacher” derrière une marque ? Évidemment, la réponse est à géométrie variable. Grâce à Néographe Factory, Laetitia peut doser sa présence. “Je gère le rapport entre la marque et moi en fonction du contenu que j’ai. De temps en temps, c’est bien de se mettre en avant car ça génère plus de clics.” Mais même quand elle apparaît en personne, comme sur sa chaîne YouTube où elle vulgarise son métier, le fait d’avoir une marque rend les choses plus claires : “Je ne suis pas dans la vie comme je suis dans mes vidéos YouTube, ne pas le faire en tant que Laetitia justifie mon ton.” 

De son côté, Joseph est en réflexion constante sur cette articulation entre sa marque et sa personne. Il a opté pour une solution intermédiaire : “J’utilise le nom de marque, mais je montre ma tête et je parle à la première personne. Je ne pense pas qu’il y ait de problème à utiliser un nom commercial en disant ‘je’.”

Comment faire vivre sa marque ?

Une fois toutes ces décisions prises, reste à faire vivre votre marque. C’est avec ce nom-là que vous créerez votre site et vos comptes sur les réseaux sociaux, avec lui que vous partagerez votre portfolio sur des plateformes de créatifs à la Dribbble ou Malt, lui encore que vous ferez apparaître sur vos factures (même si, en tant qu’auto-entrepreneur, votre nom à vous devra aussi y figurer). Bref, votre identité de marque vous suivra partout. D’après Laetitia, elle vous aidera à avoir une communauté et davantage de visibilité. Et elle utilise ces atouts au maximum : “Je consacre beaucoup plus de temps à l’animation de communauté qu’à la prospection, j’essaie de poster régulièrement. YouTube et LinkedIn sont devenus de super canaux d’acquisition.” 

Pour Joseph, avoir une marque c’est déjà penser à l’avenir. Pour le moment, il bosse principalement seul — après le statut d’auto-entrepreneur, il est passé à l’entreprise individuelle et sera en EURL l’an prochain. Mais “si demain mon activité évolue, j’ai un nom qui peut devenir un nom d’entreprise, ça peut aller au-delà de moi.” C’est à lui que revient le conseil de fin : “Même si c’est difficile quand on se lance de savoir où l’activité ira, c’est bien de se poser la question de la marque : si dès le départ vous avez envie de faire quelque chose qui implique plus qu’une personne, autant choisir un nom commercial dès le début.”

Philothée Gaymard
Journaliste indépendante

Je suis journaliste et rédactrice freelance depuis tout début 2015, après quatre ans passés chez Usbek & Rica. J’écris sur le genre, l’innovation, le développement durable et parfois un mélange de tout ça.

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