Charlotte, freelance dans tous les sens7 minutes de lecture

Slasheurs, multi-potentiels, polyactifs, voici les sobriquets que l’on donne à celles et ceux qui ne rentrent pas dans les cases, ces récalcitrants professionnels qui n’ont pas renoncé à leur curiosité, à leurs talents et à leurs envies. Irréductible à une fiche de poste, mal calibrés pour la grande entreprise, ils se tournent de plus en plus vers l’indépendance. En quête de sens, d’accomplissement et d’harmonie, ces freelances nés sont à l’avant-garde d’une profonde transformation du travail. Responsable marketing, commercial et communication, créatrice de bijoux, professeur de yoga, freelance ET salariée, Charlotte brouille les pistes mais garde l’esprit clair. Amédée est parti à sa rencontre.

Quel est ton métier ?

Je suis coordinatrice pédagogique d’un nouveau programme nommé Manufacto, la fabrique des savoir-faire lancée en septembre 2016. Ce programme pour la sensibilisation des jeunes aux métiers de l’artisanat est mené en milieu scolaire, et est initié par la Fondation d’entreprise Hermès, mené en coopération avec les Compagnons du Devoir et le Rectorat de Paris. Nous organisons des ateliers de fabrication d’un objet (par élève) en classe avec des primaires, des collèges et des lycées. Nous travaillons avec des artisans maroquiniers, menuisiers, selliers, des designers, ainsi que les établissements et les professeurs.

Après une année pilote menée avec succès auprès de six établissements, nous serons présents dans vingt établissements à la rentrée 2017/2018 (académies de Paris, Créteil et Nice). Ces ateliers se rapprochent beaucoup de la pédagogie Montessori, les enfants s’épanouissent énormément dans ces ateliers, certains s’ouvrent littéralement et trouvent parfois – enfin – leur place.

À côté de cet emploi à plein temps, j’ai créé ma marque de bijoux éthique il y a un an et demi, Chakshu (cela veut dire Troisième œil en sanskrit). Je dessine les bijoux inspirés des symboles du monde entier et je les réalise avec des artisans du Burkina Faso. Les artisans fixent leurs prix, nous travaillons à base de métaux récupérés et sublimés (bronze, cuivre). J’ai un site de vente en ligne www.chakshu.fr, je participe à des pop-up stores 3-4 fois par an et je vends mes pièces dans 4 boutiques parisiennes et du nord de la France.

Enfin, depuis deux ans et demi, je suis professeure de yoga ashtanga, j’ai une classe par semaine de 2h, tous les lundis soirs à 19h au sein de l’espace de coworking Mutinerie.

Sous quel statut mènes-tu tes activités entrepreneuriales (AE, SARL, SASU, Coopérative d’activité et d’emploi…) ?

Je suis en statut d’auto-entrepreneur, depuis 5 ans, car j’ai mené plusieurs activités en freelance avant la création de ma marque et la prise de ce poste de salarié pour Manufacto.

Quand as-tu commencé à travailler à ton compte ? Pourquoi avoir fait ce choix ?

J’ai commencé à travailler en freelance en 2012. Je ne me voyais pas travailler dans une grande entreprise, je pensais ne pas être faite pour ça. L’expérience que j’en avais m’avait dégoûtée, je n’y avais trouvé aucun sens. J’y avais au contraire constaté beaucoup d’absurdités, de lenteurs dans les process de travail, notamment à cause des salariés qui souhaitent chacun garder “leurs zones d’incertitudes”, leurs petites marges de pouvoir bien gardées.

Je cherchais à travailler dans des boîtes éthiques, écologiques et solidaires, dans des projets de créations, et je n’ai trouvé que des petites structures. J’ai rapidement été amenée à créer pour cela un statut d’auto-entrepreneur qui m’a servi pour travailler pour ces petites entreprises et aussi pour mener ma propre activité de conseil en gestion.

Mener plusieurs activités de front est difficile, comment parviens-tu à éviter la frustration ou la surchauffe ?

Ce n’est pas évident, j’ai souvent un sentiment de débordement, juste avant les vacances j’ai presque même vécu un burn-out social, je ne voulais plus trop voir mes potes, j’avais envie d’être seule car j’étais trop sollicitée avec beaucoup de choses et d’interlocuteurs à gérer pour mon projet et mes deux autres activités de freelance… Je suis partie en vacances trois semaines seule en Inde. J’ai “baroudé” dans le Kerala, l’Inde du Sud, entre visites de villes, de plages, de plantations de thé, de temples, d’ashram ou de centre de yoga à Mysore pour obtenir un certificat de professorat. Cela a suffi pour me ressourcer et avoir envie de nouveau de revoir tous mes amis à mon retour !

Là-bas, j’ai appris beaucoup de choses sur la méditation, le pranayama, l’ayurvéda, et on a aussi étudié les veda, les textes sacrés sanscrits ! J’ai fait une consultation avec un docteur en ayurveda et elle m’a donné pleins de supers conseils pour mon alimentation, en fonction de ma constitution, qu’elle a déterminé en préambule de notre consultation en étudiant mon pouls, ma peau, mes cheveux, mes ongles etc. Je suis principalement Pitha (=feu), et un peu Vatha (=air) ! J’imagine que cela vous fait une belle jambe !!! Ahaha. Vous irez voir sur internet ! La méditation m’aide beaucoup !

Ce qui me motive le plus dans la vie, c’est de me dire que je pourrai continuer à apprendre jusqu’à la fin de mes jours comme dans le film “Un jour sans fin” avec Bill Murray. Peut-être qu’un jour, j’apprendrai la sculpture sur glace pour impressionner un prétendant, et cette perspective là est je pense l’une des choses qui me rend le plus heureuse dans la vie !

Sinon, au quotidien, et encore plus depuis mon retour d’Inde où je faisais 4 heures de yoga par jour et me levais à 5h45, j’essaie de me lever le plus souvent possible à 7h et je fais 1/2h à 1h de pratique le matin, suivi d’un bon petit-déjeuner avec jus bio à l’extracteur de jus et toasts à l’avocat et à la coriandre. 🙂 Je ne bois plus de thé ni de café, (qui ne me conviennent pas du tout !) et j’essaie de faire attention en semaine à ne pas me coucher trop tard, j’ai besoin d’énormément de sommeil (8h), et dès que je ne dors pas assez bien ou que je me couche trop tard en semaine, je deviens très sensible et n’arrive plus à me concentrer sur les bonnes choses. J’essaie aussi d’aller un maximum au boulot en vélo, car le métro me met souvent en colère, même si d’un autre côté il me permet de lire mes bouquins, c’est donc un choix cornélien chaque matin.

Penses-tu que le fait d’avoir été – et de continuer à être – freelance t’a servi et te sert dans ta vie en entreprise ?

Le fait d’avoir été (et d’être encore) freelance me sert clairement en entreprise, car cela m’a habituée à être autonome et polyvalente. J’ai mené mes missions avec une triple casquette de responsable marketing, commercial et communication.

J’ai appris à me servir de nombreux outils de communication : suite Adobe, Mailchimp, plan de communication, création de sites internet et management du back-office, shootings photos, d’un CRM, de techniques de prospection, de levée de fonds, de business plans etc.

Pour ma marque de bijoux, j’ai quasiment tout fait de A à Z. Cela m’aide beaucoup aujourd’hui dans mon emploi actuel où je suis très autonome et où j’ai la capacité à trouver des idées et solutions dans de nombreux domaines.

Quelles sont les routines que tu conseillerais à un indépendant qui veut durer ?

Je dirais un bon équilibre entre travail, sommeil, alimentation, sport et sorties !

Savoir faire des pauses, des vraies pauses le week-end, car les freelances gèrent souvent leurs plannings de la semaine comme ils le souhaitent, avec des horaires plus à la cool, mais du coup, en contrepartie, ils travaillent aussi le week-end…

Pour moi, il faut une vraie coupure, d’au moins un jour et demi. Je dis ça, car je travaille souvent le samedi matin en plus des soirées nécessaires sur ma marque !

Amédée
Génie indépendant

Génie indépendant depuis des siècles, je partage aujourd’hui mes aventures avec vous, indépendants de tout poil et de tous horizons. Actu, bons plans, témoignages ou libres palabres, je vous apporte les meilleures infos pour que vous puissiez profiter au mieux de votre indépendance.

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