L’essor du digital nomadisme8 minutes de lecture

Les digital nomad sont des personnes qui, par choix, voyagent et travaillent en même temps. Ils peuvent exercer des métiers variés, être salariés d’une entreprise valorisant le travail en remote, développer leurs propres projets, être freelances. Leur point commun : ils n’ont généralement besoin que d’un ordinateur et d’une connexion à internet pour pouvoir gagner leur vie.

Côté voyage, il n’y a pas de règles, ils se déplacent au gré de leurs envies. Certains ont un port d’attache vers lequel ils reviennent de temps en temps, pour d’autres, toutes leurs affaires tiennent dans un sac à dos. Ils tendent à privilégier les régions du monde où le coût de la vie est bas, le climat agréable et la connexion internet suffisamment rapide. 

Qui sont ces digital nomad ? D’après l’étude réalisée en 2018 par MBO Partners, la moitié d’entre eux ont plus de 38 ans et un tiers sont des femmes. Ils travaillent généralement pour des clients situés dans des pays où les salaires sont élevés. Cela leur permet d’avoir un train de vie confortable et un arbitrage travail-loisir en faveur de leur temps libre.

Si une minorité d’entre eux étaient déjà nomades depuis plusieurs années, ils sont nombreux à s’être lancé depuis peu de temps et toute une économie s’est formée autour de ces nouveaux travailleurs.

Deux tendances expliquent l’essor du digital nomadisme

Tout d’abord de nouveaux outils se sont développés permettant à de nombreux métiers d’être réalisés à distance, il n’est plus nécessaire de se rendre obligatoirement au bureau pour créer de la valeur, un ordinateur et une connexion internet suffisent.

Il est possible de travailler à plusieurs sur un même projet sans être dans la même pièce : la suite Google permet de travailler sur des documents partagés en temps réel, Trello nous permet de piloter efficacement des projets à distance. Pour certaines entreprises Slack a totalement remplacé les emails, grâce à une meilleure expérience utilisateur, des canaux de discussion bien organisés, l’application permet de simplifier les échanges en entreprise. Et il suffit d’intégrer l’application Zoom pour passer des appels vidéos et échanger comme si nous étions face à face.

Ces exemples sont représentatifs des dizaines d’outils numériques permettant aux travailleurs en remote de collaborer efficacement depuis l’autre bout du monde tant avec leurs collègues que leurs clients. La start-up Buffer dont tous les employés travaillent en remote, a listé les 12 outils qu’ils utilisent au quotidien qui leur permettent de se passer de bureaux physiques.

Au-delà de l’émergence des outils numériques, une nouvelle façon de penser le travail a vu le jour et se traduit par de nouvelles organisations au sein des entreprises, de nouvelles méthodes de management. De plus en plus de travailleurs font part de leur envie de retrouver du sens dans le travail et une bonne partie des freelances que nous avons rencontrés nous ont confié “avoir redécouvert leur métier” en se lançant en tant qu’indépendant. Il y a une quête de liberté qui est de plus en plus présente dont chacun a une définition différente, pour certains cela peut être la possibilité de choisir ses horaires de travail, pour d’autres le lieu de travail ou encore de pouvoir choisir ses projets.

L’entreprise traditionnelle telle qu’elle a été pensée depuis deux siècles n’attire plus ceux pour qui l’envie de liberté est devenue trop pressante. Ils deviennent alors freelances, entrepreneurs, salariés d’entreprises en remote et plus rien alors ne les empêche de devenir digital nomad. 

Par exemple Mickaël, développeur en freelance, a quitté une entreprise qui n’acceptait pas le travail en remote, pour devenir digital nomad. C’est d’abord le voyage qui l’a attiré, il aime découvrir de nouveaux lieux et pouvoir organiser sa journée et ses conditions de travail comme il le souhaite. Il se sent bien plus efficace, travaille moins, ce qui lui laisse du temps pour réfléchir, mûrir et développer ses projets ce qui lui était difficile dans sa vie de salarié. Avant de se lancer il s’est énormément renseigné sur ce nouveau mode de vie qui est de mieux en mieux documenté sur internet. Un média totalement dédié au digital nomadisme vient de voir le jour sous le nom de Nomad Path.

Nous avons également rencontré Eryn, digital nomad depuis quatre ans maintenant, salariée d’une entreprise dans laquelle tous les employés travaillent en remote. Elle a énormément voyagé, restant entre une semaine et trois mois à chaque étape en fonction de ses envies. Elle en profite pour rendre régulièrement visite à ses amis et sa famille aux quatre coins du monde. Elle aime par exemple aller chercher sa nièce à l’école le matin puis se rendre dans un espace de coworking et rencontrer d’autres télétravailleurs l’après-midi, un confort de vie que lui offre le digital nomadisme.

Une nouvelle économie qui se structure

Le point de départ du digital nomadisme est le travail en remote. Une prise de conscience collective aussi bien des travailleurs que des entreprises est à l’œuvre : le travail n’est plus obligé de respecter l’unité de temps et l’unité de lieu, il est même de l’intérêt des deux parties de faire voler en éclats ces règles appartenant à un autre temps. 

Pour les entreprises, embrasser le travail en remote permet une réduction des coûts, l’accès à un vivier de talent non plus local mais mondial et une bien meilleure productivité.

Certaines entreprises l’ont bien compris et n’ont même plus de bureaux, les employés travaillent alors depuis chez eux ou dans des espaces de coworking. Automattic donne par exemple 250 dollars par mois à ses employés à dépenser en consommations dans des cafés ou espaces de coworking. D’autres organisations disposent de bureaux, mais laissent le choix à leurs employés de choisir leur lieu de travail. Le succès de ce fonctionnement repose sur un management fondé sur la confiance. La priorité est donnée à la réalisation d’objectifs et non au présentéisme.

Nombreuses sont maintenant les entreprises qui ont fait du travail en remote un de leurs principes fondamentaux, Rodolphe Dutel, le fondateur de Remotive.io a listé plus de 900 start up qui recrutent des travailleurs en remote.

Devenir digital nomad est alors beaucoup plus simple pour ces personnes qui sont employées puisqu’elles disposent de revenus réguliers et sont intégrées à une organisation qui comprend parfaitement leur fonctionnement.

Face à la montée en puissance de cette nouvelle forme de travail, des services sont nés pour répondre aux besoins des digital nomad. Plusieurs retraites nomades ont vu le jour, le principe : voyager par petits groupes de digital nomad, une destination par mois dans laquelle chacun s’organise comme il le souhaite, certaines proposent des formations, d’autres misent simplement sur le fait d’échanger avec la communauté pour développer son activité, un excellent moyen de lutter contre la solitude souvent inhérente aux digital nomad qui voyagent seuls.

Un outil formidable a été conçu spécialement pour les digital nomad, il s’agit de Nomad List, un site qui classe les destinations à privilégier en fonction de la rapidité d’internet, du coût de la vie, du climat et toute une série de critères chers aux digital nomad qui peuvent également retrouver les membres de la communauté sur place. 

D’autres entreprises ont créé des services à destination des entreprises pour les former et les aider à intégrer dans leur fonctionnement le travail en remote comme Remote-How par exemple. Ils dispensent des conseils pour utiliser les outils de travail à distance, manager des équipes aux quatre coins du monde, atteindre ses objectifs, rester motivé, combattre la solitude.

Pour certains le digital nomadisme est un véritable mode de vie depuis plusieurs années, pour d’autres c’est une expérience inoubliable de quelques mois, C’est un tournant majeur dans l’organisation et la philosophie du travail de pouvoir travailler tout en voyageant. Il n’existe pas de recette magique, chaque parcours est différent, il faut se connaître suffisamment pour adopter une organisation plus libre, garante d’un meilleur équilibre vie professionnelle-personnelle.

 

Photo de couverture : Mantas Hesthaven
Photo #2 : Guilherme Stecanella

Samuel Durand
Étudiant-Freelance

Étudiant-Freelance et passionné par le future of work, je réalise durant mon année de césure une étude sur le freelancing dans le monde. Avec une camarade, nous partons à la rencontre des acteurs de ces mutations du monde du travail : freelances, entreprises, communautés, auteurs. Vous pouvez suivre nos travaux sur www.going-freelance.com

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