Trouver l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée quand on est freelance11 minutes de lecture

L’équilibre entre la vie professionnelle et la vie privée est particulièrement difficile à trouver quand on est freelance. Amédée vous donne quelques conseils pour y parvenir.

L’équilibre vie professionnelle – vie privée n’est pas une question propre aux freelances. Avec le développement des outils de collaboration, du smartphone et du télétravail, entre autres, les frontières entre travail et repos se brouillent de plus en plus. Selon l’enquête “Pratiques numériques des actifs en France en 2016”, menée par le cabinet de conseil en qualité de vie au travail Eléas, 37% des actifs utilisent des outils numériques professionnels en dehors de leur temps de travail, et 62 % estiment nécessaire d’instaurer des règles pour limiter ce phénomène.

Début 2017, la France est d’ailleurs devenue le premier pays à légiférer sur le droit à la déconnexion des salariés : un article du Code du travail oblige (sans sanctions toutefois) toutes les entreprises de plus de 50 salariés à négocier des règles de déconnexion. Mais quand on est freelance et qu’on n’a pas ce genre de protection, comment fait-on pour ne pas voir toute sa vie envahie par le travail ? Amédée vous donne quelques conseils.

Fixer une routine de travail

Commençons avec un très bon conseil du site Double your freelancing qui suggère, avec un sens indéniable de la formule, de “treat freelancing as a job”. Cela signifie plusieurs choses : d’abord, se fixer des heures de travail. Comme on vous l’expliquait dans notre article sur les meilleurs outils de gestion du temps, c’est à vous de définir quels horaires vous conviennent le mieux, et de jouer avec la flexibilité qu’offre le fait d’être indépendant. Mais comme l’écrit très justement Jen Hubley Luckwaldt chez The Balance Careers, “le petit secret du freelancing, c’est que la plupart du temps, c’est un boulot qu’on fait de 9h à 17h — ou de 10h à 18h, ou de 8h à 16h. Quelles que soient les heures précises, c’est généralement pendant la journée, quand vos clients sont en train de travailler.” À moins d’adorer travailler la nuit, il est généralement pertinent de ne travailler ni les soirs ni les week-ends, et de démarrer le travail à peu près tous les jours à la même heure… et dans les mêmes conditions.

Le petit secret du freelancing, c’est que la plupart du temps, c’est un boulot qu’on fait de 9h à 17h

C’est l’autre aspect du “treat freelancing as a job” : définir un temps, mais aussi un espace et un contexte dans lequel on travaille est indispensable pour ne pas laisser le boulot envahir chaque recoin de sa vie. L’idéal est d’installer un bureau où on ne fait que travailler. Ou d’aller dans un espace de coworking, ou un café, ou une bibliothèque. S’habiller le matin pour ne pas commencer sa journée de travail en pyjama, ça aide aussi (même si on sait tous qu’on s’habille surtout pour faire pro pendant les réunions sur Skype).

Être ferme avec ses clients

Une fois ces règles fixées, il faut les faire respecter : par vous-même, par votre entourage mais aussi et surtout par vos clients. Tout le monde en a déjà eu un qui l’appelle le week-end ou qui exige qu’une tâche importante soit réalisée du jour pour le lendemain. Comme le préconise Jen Hubley Luckwaldt, il faut se souvenir “que vous n’êtes pas un employé et que le client n’est littéralement pas votre boss.” La clé, c’est d’être toujours très clair sur vos disponibilités et les moments où vous êtes absolument off, et de n’accepter que des deadlines que vous savez pouvoir tenir sans trop chambouler vos horaires. “Le seul moyen d’atteindre une sorte de liberté en tant que freelance est d’établir un système et d’éduquer vos clients sur la manière dont il fonctionne. Sinon, vos clients n’auront de cesse de vous influencer avec la manière dont ils veulent travailler”, prévient-on chez Double your freelancing.

Savoir dire non

Quand on démarre en tant que freelance, on a tendance à accepter un peu tout ce qu’on nous propose. C’est normal : c’est comme ça qu’on construit son réseau et qu’on bâtit son expérience. Mais au bout d’un certain temps, il devient indispensable de savoir dire non.

Accepter trop de travail est contre-productif : on le fait trop vite, on le fait pas assez bien, et on court le risque de devoir y passer encore plus de temps pour corriger le tir. Or, on a souvent tendance à sous-estimer le temps qu’une mission nous prendra. Chez LifeHacker, Patrick Allan recommande carrément : “Estimez combien de temps vous avez besoin pour un projet, et doublez la mise.” Chez Amédée, on vous conseille de vous doter d’un outil de suivi de votre temps de travail, pour avoir une idée vraiment précise du temps qu’il vous faut pour mener à bien une mission.

Et puis, après quelques années d’expérience, beaucoup (dont l’auteure de ces lignes) se rendent compte que les gros projets “one-shot” sont souvent une fausse bonne idée : sur le papier, ce sont eux qui paient le mieux, mais ils prennent aussi énormément de temps (pour se familiariser avec le projet et avec le client, pour mettre en place des process, pour gérer l’administratif). Si cela vous est possible, essayez d’avoir une majorité de projets réguliers : ça fait gagner un temps fou.

Ne pas oublier de s’épanouir

Une autre raison pour laquelle il est important de savoir dire non, c’est que votre vie professionnelle doit rester épanouissante. Accepter tout ce qu’on vous propose, ça veut aussi dire accepter des projets qui ne vous plaisent pas forcément, ou qui ne contribuent pas à faire avancer votre carrière dans la direction que vous souhaitez. Une fois que votre réseau et votre portfolio sont construits, vous serez en mesure de choisir les projets qui vous intéressent réellement : ne sous-estimez pas cette liberté. C’est aussi elle qui vous permettra de savoir que vous ne perdez pas votre vie à la gagner.

“Il faut aussi savoir dire non pour que votre vie professionnelle reste épanouissante.”

Ce qui nous mène au nerf de la guerre de cette question d’équilibre vie professionnelle – vie privée : parfois, on a tout simplement besoin de ne pas travailler. Même le capitaliste le plus obsédé par la productivité vous le dira : pour être efficace, il faut pouvoir partir en vacances. Aux États-Unis, selon une étude réalisée pour “Project : Time Off” par la Society for Human Resource Management, 77 % des responsables RH et des managers constatent que leurs employés qui prennent le plus de vacances sont aussi les plus productifs.

Or c’est un peu compliqué quand on est freelance et qu’on n’a pas de congés payés. Quelques conseils pour y pallier : d’abord, être prévoyant. Planifiez à l’avance vos vacances (spoiler alert, vous serez peut-être obligé de les prendre au mois d’août quand plus aucun de vos clients ne travaille) et faites rentrer un ou deux projets de plus pour pouvoir financer ces congés. Essayez de faire en sorte d’avoir du travail à votre retour pour pouvoir rapidement refaire votre trésorerie. Prévenez vos clients de votre départ, faites un message “out-of-office” pour votre boîte mail comme un vrai salarié, et essayez de déconnecter.

Pour être tout à fait honnête, il sera probablement difficile de prendre cinq “vraies” semaines de vacances par an ; mais si vous arrivez à en faire une ou deux sans toucher à votre ordinateur, c’est déjà pas mal.

Et l’équilibre vie professionnelle-vie privée quand on est freelance ET parent, c’est comment ? Quelques éléments de réponse par ici.

Philothée Gaymard
Journaliste indépendante

Je suis journaliste et rédactrice freelance depuis tout début 2015, après quatre ans passés chez Usbek & Rica. J’écris sur le genre, l’innovation, le développement durable et parfois un mélange de tout ça.

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