Lookoom, freelances d’influence9 minutes de lecture

Louise est la co-fondatrice de Lookoom. Je l’ai connue à Mutinerie il y a quelques années et j’ai pu suivre de près l’émergence et l’épanouissement de ce collectif de freelances aussi talentueux que sympathiques. Je suis donc très heureux de la recevoir aujourd’hui sur Amédée.

Informations générales

Quel est le chiffre d’affaires de Lookoom en 2020 ? Prévisions pour 2021 ?

Lookoom n’est pas une entreprise, mais une association. Lookoom est avant tout une communauté de freelances dont le chiffre d’affaires n’est pas mesurable au global. Chacun s’investit à sa mesure et facture des montants différents selon les périodes.

Sur quels métiers et quels secteurs opérez-vous ?

La stratégie de marque, le branding sur les canaux digitaux et particulièrement les réseaux sociaux. Nos talents représentent tous les métiers nécessaires pour mettre en place une stratégie de visibilité : directeurs artistiques, stratèges, motion designers, rédacteurs, experts SMO, experts Social Media, social ads manager, community managers…

Êtes-vous concentrés sur un territoire spécifique ?

Nous sommes essentiellement en région parisienne. Du moins à l’origine…

Lookoom est-il matérialisé par une personne morale ? Si oui, de quel type (SAS, Coopérative, Association…)

Nous sommes une association depuis 2020.

Membres et culture

Comment rejoint-on Lookoom ? (cooptation, candidature…)

Rejoindre Lookoom se fait naturellement, après une collaboration réussie ou une rencontre. La motivation naturelle, l’investissement et l’envie de s’investir sont les clefs d’entrée.

Tous nos membres ont été invités très instinctivement et nous limitons nos membres à 13 personnes pour le moment. Nous souhaitons rester un groupe à taille humaine dans lequel nous pouvons connaître chaque personnalité et expertise.

Combien de personnes compte Lookoom ?

13 personnes dans le noyau dur, qui cotisent pour l’association annuellement et participent à la vie quotidienne du collectif. Plus de 100 personnes dans le réseau étendu, 100 profils référencés pour compléter nos équipes.

Y-a-t-il différents niveaux d’intégration (cercles concentriques avec des membres centraux et des membres périphériques).

Oui 3 niveaux :

  • Les co-fondatrices : Louise, Samantha, Marie, Leïla qui sont le moteur du collectif
  • Le noyau dur : 9 personnes 
  • Le réseau étendu : + 100 personnes

C’est qui le boss de Lookoom ?

On n’aime pas trop ce terme et on fonctionne très bien avec un système peu hiérarchisé où tout le monde est libre de prendre la place qui l’intéresse. Après, comme dans toute initiative il y a des leaders et j’en fais partie, car je suis à l’initiative de ce projet. J’ai une personnalité naturelle de rassembleuse et je le gère de la manière la plus sincère et naturelle possible. Je crois à un système de collaboration plus décloisonné, respectueux du rythme de chacun. Je considère que ce projet n’aurait pas vu le jour sans l’énergie collective donc ce serait injuste de désigner untel ou untel comme le boss même si certains en font plus que d’autres par moment. 

Samantha est aussi très moteur d’un point de vue créatif et c’est grâce à elle que l’image du collectif est ce qu’elle est aujourd’hui. L’avantage du collectif, c’est que l’énergie moteur tourne et que nous sommes tous très respectueux des rythmes des uns et des autres, qui fluctuent avec les événements de la vie. L’essentiel est de maintenir une constance dans la présence des membres et surtout une  bonne communication entre nous.

Avez-vous déjà eu à virer des membres ? Comment ça se passe ?

Non jamais pour le moment. Si ça se passait je pense que “virer” ne serait pas le terme mais ça passerait sans doute par un échange pour comprendre ce qui ne fonctionne pas. Lookoom n’est pas un engagement à vie ni un contrat donc ça a l’avantage de pouvoir se passer en douceur et avec beaucoup de communication, je pense.

À quelle fréquence vous retrouvez-vous physiquement entre membres ?

Dans un monde sans covid je dirais tous les 3 mois. Avec covid, c’est plus une fois par an, d’autant que certains se sont éloignés de Paris. En revanche, nous nous réunissons en visio 1 fois par mois pendant 1 heure. Notre premier séminaire Lookoom aura lieu en septembre, sur une île paradisiaque en Ile-de-France ! Si si ça existe !

Si votre collectif avait un cri de guerre, quel serait-il ?

On en a un 🙂

“Lookoom, We Do Boom !” 

Outils

Quels sont vos outils collaboratifs préférés ?

Slack, nous avons pour notre noyau dur et le réseau étendu, des systèmes de chanel par thématiques avec des accès différents pour différences de “niveaux”.

Utilisez-vous un software spécifique pour piloter les activités du collectif ? (natif, en Saas…)

Pas du tout !

Business et clients

Lorsqu’un deal est signé, qui met sa tête sur le billot ? (Qui signe ? Qui met sa responsabilité en jeu ?)

Tout dépend qui gère l’appel entrant du client. La responsabilité est sur la tête de la personne en lead sur le projet dès son arrivée. Si le client vient de mon réseau par exemple, c’est moi qui gère le projet de A à Z et qui reste le point de contact même si je délègue la production. Je prends une fees de gestion de projet pour rentabiliser ce temps si je délègue.

Si le projet arrive par le réseau Lookoom (formulaire de contact ou bouche à oreille du réseau), le projet sera attribué à la personne la plus adaptée et disponible dans les délais souhaités.

Chaque membre doit s’assurer du bon déroulement du projet et doit alerter les autres membres si des difficultés venaient à émerger. L’idée est par exemple, de ne jamais être seul face à une situation délicate.

Est-ce la structure centrale qui encaisse et répartit ensuite l’argent entre les différents membres ? Ou : un membre qui encaisse et répartit l’argent avec les autres membres qu’il a fait travailler avec lui sur la mission ? Ou : chaque membre qui facture le client directement ? Ou encore autre chose…?

La proposition commerciale est globale, siglée sous l’entité Lookoom, mais le client est sensibilisé dès le départ que la facturation sera divisée entre chaque intervenant. Il n’y a donc quasiment jamais de facturation commune.

Avez-vous des commerciaux dédiés ?

Pas du tout ! On est tous les commerciaux de nous-même 🙂

Y a-t-il un modèle d’apport d’affaires ? Si oui, quel est le deal ?

Oui bien sûr. Les apports d’affaires entre membres du noyau dur ne sont pas soumis à des contreparties. Ça fait aussi partie du deal car chaque membre est censé recommander Lookoom à ses contacts/clients. L’apport d’affaires est donc dans les deux sens et non monétisé.

Si l’apport d’affaires se fait vers une personne de l’extérieur, nous appliquons un apport d’affaires entre 10 et 15%. Cet apport d’affaires, s’ il vient du réseau Lookoom et pas du réseau d’un membre, vient nourrir le compte de l’association, mais cela reste des apports mineurs sur l’année.

La plus grosse part des apports se fait, encore une fois d’un membre à une personne extérieure. L’identification de profils disponibles et qualifiés est très chronophage pour la personne qui s’en occupe donc on estime que la personne doit rentabiliser ce temps et y trouver son compte ! Pour finir, la logique d’apport d’affaire reste mineure car notre objectif est avant tout de placer les membres du collectif plutôt que des gens de l’extérieur.

Comment réagissent les prospects / clients à l’idée de travailler avec Lookoom ? Qu’est-ce qui les inquiète, qu’est ce qui les attire ? Avez-vous vu les comportements évoluer à cet égard ?

De mieux en mieux voir très bien aujourd’hui. Depuis que nous avons une petite notoriété, les prospects, qui entendent de plus en plus parler des collectifs semblent assez séduits par le concept. Les agences, les PME sont notre cœur de cible. Pour les agences, nous répondons à un vrai besoin d’identifier un profil coopté rapidement ou de renforcer leurs équipes sur un AO. La dimension collectif de professionnels “vérifiés” rassure, mais certaines agences ne sont pas encore prêtes à payer pour qu’on leur présente des profils. Il y a un travail de pédagogie à faire avec eux pour leur expliquer que nous ne sommes pas des passe-plats de profils et que nous apportons une valeur en plus. Ces clients-là, on les invite rapidement à aller sur MALT à la pêche aux profils 🙂

Au départ, le collectif suscitait auprès des clients plus de questions, j’ai l’impression qu’on était perçus comme une agence non-conventionnelle dont on pouvait peut-être s’interroger sur sa fiabilité. La dimension “remote” faisait encore peur il y a deux ans, mais cela a énormément changé avec le COVID. Notre modèle rassure au contraire, car nous n’avons pas attendu le covid pour savoir travailler en équipe sans jamais (ou presque) se voir.

Notre communication sur les réseaux, nos interventions dans différents médias rassurent aussi beaucoup.

Ce qui les attire, c’est la dimension experte, la spécialisation, la pluridisciplinarité et aussi…le coût ! Nous sommes très compétitifs par rapport à une agence et nous sommes capables de gérer un projet exactement de la même façon (d’autant que nos profils en lead viennent tous de grandes agences ou de grands annonceurs). Nous sommes donc assez formatés au fonctionnement agence, ce qui aussi rassure les agences et les annonceurs. Nos profils lead sont vraiment senior et donc très vite dans les discussions, les prospects sentent que nous ne sommes pas des freelances en short qui travaillent depuis la Thaïlande entre deux plongées (image associée souvent aux freelances en remote :))

Quelle est, à vue de nez, la proportion de chacune de ces catégories parmi vos clients ?

  • Startups : 10%
  • PME : 50%
  • Grands Groupes : 10% – très rarement et souvent via les agences.
  • Agences : 20%

Travaillez-vous avec d’autres collectifs ?

Cela ne s’est jamais présenté, mais nous sommes en discussion et en bonne relation avec certains collectifs comme Cosme ou Happy Dev. Nous nous suivons et échangeons régulièrement.

Utilisez-vous les plateformes ?

Malt jamais pour le collectif, mais certains de nos membres y sont très actifs. Certains de nos membres travaillent aussi souvent avec A.line. Nous avons eu quelques projets avec eux.

Quelle est la réalisation dont vous êtes le plus fier ?

Celle d’avoir créé ensemble un modèle de collaboration plein de bon sens qui nous rend très heureux.se et soudé.es au quotidien. Côté projet clients, il y en a plusieurs, mais c’est surtout les collaborations et les bon matching professionnels que je considère comme une réussite.

Perspectives

Lookoom dans 3 ans, ça ressemble à quoi ?

On ne sait pas, Lookoom se transforme à l’instinct. Lookoom se faufile partout, change de forme quand il le faut et ça ne se prévoit pas. On aime assez l’idée de ne pas se projeter.

Et le monde du travail dans 10 ans ?

On l’espère plus flexible qu’aujourd’hui avec des salariés plus heureux et un monde de l’entreprise qui donne plus de valeur à la personne et à l’incroyable richesse qu’un individu peut donner lorsque ses qualités sont considérées et valorisées.

Un monde de freelances, mais pas que. Le freelancing ne va pas à tout le monde !

Antoine van den Broek
Rédacteur en chef d’Amédée

Indépendant, frère-fondateur de Mutinerie, penseur, acteur et témoin des nouvelles formes de travail, passionné par le développement de communautés, j’aime faire des rencontres et raconter des histoires, deux activités auxquelles je peux me livrer par la grâce d’Amédée

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