Lettre d’un Freelance à un Salarié et vice versa6 minutes de lecture

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Cher Salarié,

Je sais ce que tu te dis quand tu vois passer les posts Instagram de tes amis freelances qui travaillent les pieds dans l’eau.

Je sais ce que tu penses de ces freelances de vingt ans qui méprisent le salariat, refuge de ceux qui n’ont pas osé…

Je sais ce que tu penses des injonctions à la modernité, du « futur of work » et des Chief Happiness Officers.

Je sais que tu as des bouches à nourrir et un crédit à payer.

Je sais que tu penses parfois à partir.

Je sais que, si tu en as vraiment envie, tu partiras.

Je sais que rien n’est gravé dans le marbre.

Je sais que tu ne manques pas de courage.

Je sais que toi aussi, tu vis aussi au 21e siècle.

Je sais que personne ne peut être réduit à une profession ou à un statut.

Je sais que tu as des passions.

Je sais que tu as des projets.

Je sais que tout est changeant.

Je sais que l’entreprise n’est pas une prison.

Je sais que tu y as développé de belles amitiés.

Je sais que tu es sincère.

Je sais que là-bas aussi, on peut oser, innover, créer, grandir…

Je sais qu’on te fait confiance.

Je sais aussi que des collègues moins compétents ont parfois pris la place qui aurait dû te revenir.

Je sais que tu connais l’injustice.

Je sais qu’il faut parfois serrer les dents et fermer les yeux.

Je sais que la vie est une course de fond.

Je sais ce que signifie la patience.

Je sais tout ce que tu as appris ces dix dernières années.

Je sais la joie d’être reconnu pour son expertise.

Je sais la fierté de tes parents.

Je sais les efforts consentis.

Ta persévérance impose le respect.

Je sais que toi aussi, tu aimes la liberté.

Je voulais juste te dire que je sais.

Moi aussi, j’ai été salarié.

Moi aussi, je le serai peut-être demain.

 

Ton ami freelance.

Cher Freelance,

Je sais ce que tu ressens quand tu vois tes amis salariés avancer dans la vie, monter en grade et bâtir une carrière.

Je sais qu’il t’arrive parfois de décliner leurs invitations, car tu sais que tu n’auras pas les moyens de les suivre.

Je sais aussi que ce n’est pas toujours le cas. 

Je sais que tu as parfois l’impression d’être resté sur le bord de la route.

Je sais qu’on n’a aucune pitié pour les renégats et les déserteurs.

Je sais que tu te demandes parfois si tu as fait le bon choix.

Je sais que tu doutes.

Je sais qu’il est difficile de distinguer le voyage de la fuite.

Je sais que l’on s’inquiète pour toi.

Je sais qu’il faut faire bonne figure.

Je sais que les 35h, les RTT, les congés payés, les arrêts maladie et les indemnités chômage, les conventions collectives et les comités d’entreprise, c’est pour les autres.

Je sais que les prudents t’attendent au tournant.

Je sais que, même à revenu égal, on ne vit pas son année de la même manière quand on a la certitude d’être payé et quand rien n’est acquis.

Je sais que tu as souvent été naïf.

Je sais qu’un client, c’est encore pire qu’un boss.

Je sais que tu fais rarement ce que tu veux.

Je sais que tu as souvent dû accepter des missions sans joie.

Je sais que tu te demandes à quoi ressemblera ta vie dans 10 ans, dans 3 ans, dans 6 mois…

Je sais que ça t’angoisse autant que ça t’excite.

Je sais que tes proches ne comprennent pas pourquoi tu n’arrives pas à t’organiser pour te liberer le weekend.

Je sais qu’on imagine que parce que tu es à la maison, il est normal que tu te coltines les tâches domestiques pendant que l’autre est au bureau.

Je sais que tu vis à la pointe de l’épée.

Je sais que tu ne cesses jamais d’apprendre.

Je sais que jamais tu ne te reposeras sur tes lauriers.

Je sais que tu connais tes limites mieux que personne.

Je sais que tu mérites chaque euro gagné.

Je sais que tu as choisi la face Nord.

Je sais que tu as mille fois glissé.

Je sais que, mille fois, tu t’es relevé.

Je sais aussi que tu n’es pas aussi seul que l’on pourrait le croire.

Je sais que des comme-toi, il y a en a d’autres.

Je sais que ta vie professionnelle est riche de rencontres et de découvertes.

Je sais que tu aimes l’aventure.

Je connais la fable du loup et du chien.

Je sais qu’il t’arrive d’avoir faim.

Je sais que tu es fier.

J’admire ton audace.

Je voulais juste te dire que je sais.

Moi aussi, j’aime la liberté.

Où seras-tu demain ?

Où serai-je moi-même ?

Peut-être nous croiserons-nous…


Ton ami salarié.

***

Cet article a été inspiré par celui-ci : A Letter from a Working Mother to a Stay-At-Home Mother, and vice versa, que je vous recommande au passage. En version  Française ici.

Photo de couverture :  Debby Hudson
Photo #2 : Laurenz Kleinheider

Antoine van den Broek
Rédacteur en chef d’Amédée

Indépendant, frère-fondateur de Mutinerie, penseur, acteur et témoin des nouvelles formes de travail, passionné par le développement de communautés, j’aime faire des rencontres et raconter des histoires, deux activités auxquelles je peux me livrer par la grâce d’Amédée

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